Utiliser moins d’eau lors de période de canicule
Le paillage permet d’économiser environ la moitié des besoins en arrosage. C’est beaucoup, mais en cas de pénurie d’eau, c’est insuffisant. Il est donc important d’essayer d’utiliser moins d’eau, en adaptant les arrosages aux différents légumes, en tenant compte des précipitations, mais aussi en arrosant moins car on a souvent la fâcheuse habitude de trop arroser nos légumes.
Adapter l’arrosage aux différents légumes
Tous les légumes n’ont pas les mêmes besoins en eau. Selon leur période de culture, ils peuvent aussi bénéficier des précipitations de l’automne, de l’hiver et du printemps. Ainsi, certains ne nécessitent aucun arrosage entre leur semis et leur récolte (par exemple les oignons ou les fèves semés en novembre et récoltés au printemps).
Besoins en eau des légumes
Besoins en eau réduits, couverts en partie par la saison des pluies (automne-hiver), ou nécessaire seulement à certains stades. | Ail, asperge, betterave, blette, échalote, fève, haricot, mâche, melon, oignon, panais, pois, salsifis, scorsonère, topinambour |
Besoins en eau importants, pendant toute la culture ou presque, et/ou à certains stades critiques. | Aubergine, carotte, chicorée, concombre, courge, courgette, épinard, fenouil, laitue, maïs, navet, oseille, persil, poireau, poivron, pomme de terre, radis, tomate |
Besoins en eau importants pendant toute la culture. | Céleri, chou, fraisier |
Les légumes ont davantage besoin d’eau à certaines périodes de leur développement, qu’il est bon de connaître pour pouvoir continuer de les cultiver même lorsque la ressource en eau diminue. Tous les légumes présentent trois stades critiques: le semis, la plantation (lorsqu’ils doivent être transplantés) et la floraison (pour les légumes fruits ou lorsque l’on fait ses graines de légumes feuilles ou de légumes racines). Il existe ensuite des stades critiques propres à chaque espèce.
Stades critiques pour les besoins en eau des légumes
Ail | Les besoins en eau les plus importants se situent au moment de la levée et lors du développement du bulbe, entre le stade 8-9 feuilles et le stade 12 feuilles. Il faut par contre cesser tout arrosage dans les deux ou trois semaines qui précèdent la récolte. |
Asperge | Les turions, qui sont les jeunes tiges que nous consommons, apparaissant dès le début du printemps, n’ont pas besoin d’arrosage par la plante a bénéficié des pluies de l’automne et de l’hiver. Cependant, l’arrosage doit être important en juillet-août, lors de la croissance du feuillage sur les quelques turions laissés en place. C’est en effet le bon développement de ce feuillage qui prépare la récolte suivante, en alimentant les réserves souterraines. |
Aubergine | L’arrosage de l’aubergine doit être modéré jusqu’au stade de la floraison (un arrosage trop important peut d’ailleurs entraîner la chute des fleurs), puis de plus en plus important au fur et à mesure du grossissement des fruits. |
Betterave | Au moment du semis, un bon arrosage est nécessaire pour avoir une levée homogène. C’est ensuite au moment du grossissement de la racine que les besoins sont les plus importants. |
Carotte | Du semis à la levée, le sol doit être constamment humide pour avoir une bonne germination et une levée rapide et homogène. Les arrosages peuvent ensuite être espacés jusqu’au stade “crayon”. Puis les quantités d’eau apportées doivent progressivement augmenter pour favoriser le grossissement: plus il y a de feuilles, plus les besoins en eau sont importants. Une fois la taille maximale atteinte, les arrosages sont à limiter pour éviter tout risque d’éclatement. |
Céleri | Le céleri est une plante exigeante en eau, qui ne tolère aucune période de sécheresse. Les besoins sont particulièrement importants au moment du repiquage, puis, dans le cas du céleri-rave, au moment du grossissement de la rave. En cas d’arrosage insuffisant, le céleri-branche monte rapidement en graines. |
Chicorée | Les semis nécessite une humidité du sol constante, mais la levée est généralement très rapide. L’ombrage est recommandé en plein été. Des arrosages réguliers, au moins une fois par jour par temps sec et chaud, sont ensuite nécessaires jusqu’au moment du repiquage. Réalisé le plus souvent en racines nues, celui-ci nécessite un apport d’eau important, en remplissant bien les trous que le plantoir laisse lors de la plantation. Pour faciliter la reprise, les arrosages doivent continuer à être réguliers. Après une plantation de fin d’été, les pluies automnales prennent en général le relais des arrosages. Si vous avez de la place et beaucoup de semences, contentez-vous d’éclaircir les rangées que vous aurez semées. Les plants, non repiqués, nécessiteront moins d’arrosage et gagneront en précocité. |
Chou | Au moment de la levée, les choux peuvent subit des attaques d’altises, petits coléoptères noirs qui font de nombreux trous dans les feuilles des Brassicacées. L’eau faisant fuir les altises, il est alors conseillé d’arroser par aspersion. Tous les choux ont besoin d’eau pour la reprise après plantation. Ensuite, selon les variétés, le besoin maximum en eau correspond soit à la formation de la pomme chez le chou pommé, soit à celles de l’inflorescence chez le brocoli ou le chou-fleur? |
Concombre | Comme pour les autre Cucurbitacées, les stades critiques du concombre sont la floraison et la nouaison, et bien sûr la plantation si le semis n’a pas lieu directement en pleine terre. |
Courge | Les stades critiques sont la plantation, si le semis n’est pas réalisé en pleine terre, puis la floraison et la nouaison. Les arrosages peuvent être espacés d’une semaine, du moment qu’ils sont copieux et répartis sur toute la surface de plantation. Ne vous inquiétez pas si vous voyez les feuilles piquer du nez en pleine chaleur: ce n’est pas le signe d’un manque d’eau, mais simplement le moyen que la plante a trouvé pour réduire sa transpiration. Le soir venu, les feuilles se redressent de nouveau. |
Courgette | Les périodes cruciales sont le semis, la plantation, la floraison et la nouaison. Si, en cours de production, vous laissez un fruit grossir beaucoup, les suivants poussent moins vite, ce n’est pas une question d’arrosage. Il est nécessaire de couper les fruits dans l’ordre de leur apparition pour que les suivants grossissent normalement. Il peut aussi arriver que les fruits restent petit et avortent. Ce n’est pas non plus une carence en eau, mais un défait de pollinisation, par manque d’insectes pollinisateurs dans le jardin. Il est préférable d’avoir au moins deux pieds de courgettes pour favoriser la pollinisation. |
Épinard | Pas de stade critique particulier, mis à part le semis, qui nécessite une terre bien humide, donc un ombrage pour les semis du mois d’août en cas de période chaude et sèche. Au printemps et en été, la montée en graines peut être rapide en cas de fortes chaleurs, même avec un arrosage régulier. |
Fenouil | Le sol doit être bien humide au moment de la plantation pour que le système racinaire puisse s’installer rapidement. Les arrosages sont à adapter au type de sol: copieux et espacés en sol argileux, réduits mais plus fréquents en sol sableux. |
Fève | L’unique stade critique est celui de la floraison: si l’humidité du sol est insuffisante, il peut alors être nécessaire d’arroser à ce stade, par exemple lors d’un printemps sec et chaud. Les semis réalisés en automne (de fin octobre à fin novembre) ne nécessitent aucun arrosage, le sol étant en principe suffisamment humide à cette période de l’année. |
Fraisier | La reprise après la plantation nécessite un arrosage régulier au moins pendant trois semaines. Quelques jours après la plantation, ne vous fiez pas aux deux petites veuilles vert clair que vous voyez apparaître au cœur de chaque fraisier: ces deux premières feuilles poussent grâce aux réserves du plant et ne signifient pas que celui-ci a commencé à faire de nouvelles racines. Il faut donc continuer à maintenir le sol humide. Ensuite, dès l’apparition des premières fleurs, au printemps, l’arrosage est indispensable pour une production régulière. Il doit se poursuivre en été, jusqu’à la formation des stolons. En l’absence de pluie et en période de pleine production, il faut arroser deux fois par semaine au minimum, soit le matin tôt, soit le soir. |
Haricot | Il est nécessaire de semer le haricot dans une terre humide pour que la germination se fasse rapidement. Par contre, les jours suivants, il faut éviter tout apport d’eau, sinon la graine germe mais les premières feuilles pourrissent. C’est ensuite au moment de la floraison qu’il faut reprendre les arrosages. Il est déconseillé d’arroser en pleine chaleur, ce qui pourrait faire tomber les fleurs et brûler les feuilles. |
Laitue | La zone des racines doit être constamment humide après la plantation. Ensuite, l’alimentation en eau doit être régulière car chez la laitue le manque d’eau peut se traduire par un arrêt de la croissance et une plus grande sensibilité au botrytis, une maladie cryptogamique. L’arrosage s’effectue de préférence le matin pour que le feuillage ait le temps de sécher avant la nuit. |
Mâche | Pour lever, la mâche a besoin d’une humidité du sol constante. Les arrosages devront donc être réguliers à ce stade. |
Maïs doux | Le maïs germe facilement, que ce soit au printemps ou en plein été. La floraison des fleurs femelles est la période critique: le plant ne doit pas manquer d’eau durant les deux semaines qui précèdent et celles qui suivent l’apparition des soies. |
Melon | L’apport d’eau doit être important au moment de la plantation. Il est préférable de bien recharger la réserve en eau du sol en début de production, pour ensuite ne pas trop arroser au moment de la fructification. Les arrosages doivent cesser lorsque les fruits ont atteint environ la moitié de leur taille définitive. Sinon, la teneur en sucre au moment de la maturité risque d’être trop faible. |
Navet | Les arrosages doivent être fréquents pendant la phase de levée, jusqu’à plusieurs fois par jour en plein été si aucun ombrage n’est installé. L’aspersion est recommandée car elle permet de limiter l’installation des altises. C’est ensuite lors du stade du grossissement de la racine que les arrosages doivent être abondants et réguliers. |
Oignon | Pour une bonne reprise, les bulbes doivent être plantés dans une terre suffisamment humide, ce qui est en général le cas en automne ou en fin d’hiver. L’oignon est très affecté par la sécheresse à partir du stade 6-7 feuilles. Le stade le plus critique pour le manque d’eau est le début du grossissement des bulbes. Le seul moment où un sol sec est bénéfique à l’oignon de conservation est la période de maturation et de séchage au champ. |
Panais | Seule sa levée nécessite une humidité constante durant au moins deux semaines. Le panais poussant lentement, il doit être semé assez tôt, vers le mois d’avril, lorsque le sol est encore un peu frais dans beaucoup de régions. Ensuite, la pénétration en profondeur de sa racine réduit les besoins d’arrosage en période de croissance. |
Persil | C’est essentiellement la levée qui est à surveiller de près, car elle nécessite un sol constamment humide pendant trois semaines environ. Les arrosages doivent ensuite être réguliers pour que de nouvelles feuilles poussent au fur et à mesure des cueillettes. |
Poireau | Le poireau nécessite une alimentation en eau régulière tout au long de son développement. Les variétés d’hiver, qui sont repiquées en plein mois de juillet, doivent recevoir suffisamment d’eau pour une bonne reprise, et être ensuite arrosées régulièrement, deux fois par semaine en l’absence de pluie. Les arrosages cesseront seulement une fois les pluies d’automnes bien installées. |
Pois | Les racines des pois sont extrêmement sensibles à l’asphyxie. Attention donc aux excès d’eau. En sol argileux, plantez-les sur buttes pour favoriser le drainage. Un sol profond et bien structuré favorise la pénétration des racines et l’approvisionnement en eau. |
Pomme de terre | Les arrosages sont plutôt à limiter en début de culture. Les stades critiquent se situent autour de la floraison: juste avant, c’est-à-dire pendant la phase de formation des tubercules, puis juste après, correspondant à leur grossissement. Lorsque le feuillage commence à faner, il n’est plus nécessaire d’arroser. |
Radis | Les arrosages doivent être fréquents pendant la phase de levée, jusqu’à plusieurs dois par jour en plein été si aucun ombrage n’est installé. Heureusement, cette phase ne dure que quelques jours. Ensuite, il est nécessaire d’espacer les arrosages afin de favoriser l’enracinement en profondeur. Les arrosages quotidiens doivent reprendre au moment du grossissement de la racine. Il est préférable d’arroser le matin pour que le sol reste frais le plus longtemps possible dans la journée. L’arrosage par aspersion est recommandé au moment de la levée, limitant ainsi l’installation des altises. |
Tomate | Les stades critiques sont la plantation en pleine terre, la floraison, la nouaison et le grossissement des fruits. Avant la floraison, en période de croissance végétative, faites en sorte de forcer la tomate à allonger ses racines en arrosant assez loin des pieds. Paillez copieusement, de l’ordre de 20 cm. En plus de limiter fortement l’évaporation, le paillage maintient le sol humide, ce qui permet aux racines adventives de croître près de la surface. Dans ces conditions, un arrosage par semaine suffit, deux tout au plus en pleine période de croissance et de grossissement des fruits, si le temps est très sec et chaud. |
Topinambour | Il n’y a pas vraiment de stade critique. S’il ne pleut pas du tout, pensez à lui apporter de l’eau environ toutes les deux semaines. |
Tenir compte des précipitations
Les prévisions météorologiques ne peuvent pas annoncer précisément les quantités de pluie. Par contre, après une averse, il est possible de connaître la quantité d’eau tombée, grâce au pluviomètre. C’est un récipient conçu de telle sorte que chaque graduation correspond à une hauteur d’eau d’1 mm par m², soit 1 litre par m². Choisissez plutôt un modèle d’au moins 60 mm de contenance car les petits modèles de 30 mm sont souvent remplis en quelques heures et débordent, surtout dans les régions où sévissent des épisodes cévenols. Grâce au pluviomètre, vous pouvez mieux adapter vos arrosages
Selon les hauteurs d’eau mesurées, quelques conseils:
- En dessous de 5 mm, il s’agit d’une pluie faible. En plein été, si elle est suivie immédiatement d’une période sèche, elle est complètement inefficace, et si votre jardin est correctement paillé, l’eau aura à peine atteint la surface du sol. Vous devez continuer d’arroser sans tenir compte de cette pluie.
- Entre 5 et 10 mm, c’est une pluie non négligeable, mais pas encore suffisante pour recharger le stock d’eau du sol en plein été. S’il n’a pas plu depuis longtemps, vous devez compléter l’eau tombée du ciel par un arrosage.
- Au-delà de 10 mm, c’est une quantité d’eau qui commence à être satisfaisante pour la végétation. Certaines pluies orageuses, notamment en climat méditerranéen, peuvent dépasser 40-50 mm en quelques heures. Elles permettent de recharger efficacement l’eau du sol. Cependant, s’il n’a pas plu depuis des semaines, une grande partie de cette pluie orageuse est perdue par ruissellement car le sol sec et très compact ne peut pas absorber autant d’au aussi rapidement, surtout si le terrain est en pente, et non paillé!
Arroser moins
Quels que soient les légumes, on a généralement tendance à trop arroser. Il est important aussi de veiller à l’efficacité des arrosages, car l’eau qui n’atteint pas les racines est de l’eau perdue, soit entraînée en profondeur, soit évaporée en surface. Ainsi, il ne faut jamais arroser en pleine journée, sauf les semis pour éviter que la terre ne sèche en surface. Les arrosages s’effectuent de préférence le soir ou le matin de bonne heure. C’est surtout en fin de culture qu’il est important de réduire les arrosages, car les excès d’eau avant la récolte sont préjudiciables à la conservation ou à la qualité gustative de nombreuses espèces. Les oignons et les pommes de terre en particulier ne doivent pas être arrosés deux à trois semaines avant leur récolte. Les melons seront insipides s’ils sont arrosés trop tardivement, de même que les tomates.
Goutte-à-goutte et oyats: des techniques d’arrosage plus économes
La manière d’arroser est aussi un lever pour économiser l’eau. Le goutte-à-goutte est plus économe que l’aspersion ou l’arrosage direct en tuyau ou à la rigole. Son utilisation doit cependant être bien maîtrisées car mal géré, le goutte-à-goutte peut conduire à des gaspillages. S’il fonctionne en pleine journée, surtout si la surface du sol n’est pas suffisamment paillée, l’eau sortant de chaque goutteur est immédiatement évaporée et perdue pour le légume. Les goutteurs doivent être placés assez loin du pied de la plante pour forcer celle-ci à développer ses racines, sinon il se forme une bulle humide sous la plante qui alors ne cherche pas à faire de nouvelles racines, la rendant ainsi plus sensible à une sécheresse passagère.
Les oyats sont des pots de terre cuite enterrés, qui diffusent aux alentours l’eau qu’ils contiennent et ce en fonction des besoins de la plante et donc de l’humidité du sol. Lorsque le sol s’assèche (il est recommandé évidement de bien pailler, même lorsqu’on utilise cette technique), l’eau traverse la paroi poreuse de la poterie et est attirée par les racines des plantes installées autour du pot. C’est en effet l’absorption de l’eau par les plantes qui crée une force de succion, vidant peu à peu l’oyat de son contenu. La gestion de l’arrosage est facilitée car il suffit de remplis les pots dès qu’ils sont vides. Il existe différents modèles, de quelques litres à plus de 20 litres.
Source
- “Légumes et canicules” de Blaise Leclerc. Éditions Terre Vivante