Les semis en plein sol

Conseil 15/06/2023

Qui sème dru récolte menu; qui sème menu récolte dru. – Proverbe français

Rater un semis arrive à tous les jardiniers, même les plus expérimentés. On pourrait dire que c’est en semant que l’on devient jardinier.

Toute discussion sur la pratique du semis en plein sol doit débuter par l’affirmation que, dans le jardin maraîcher, il est beaucoup plus avantageux d’implanter ses cultures par la transplantation. En effet, tout en permettant d’obtenir une densité parfaite, la transplantation des cultures permet aux légumes de prendre une avance considérable sur les mauvaises herbes, ce qui aide beaucoup au désherbage. Pour les autres qui s’y prêtent mal ou qui germent très rapidement, nous utilisons différents semoirs afin de les semer en pleine terre. Réussir un semis en plein sol n’est pas si facile et, pour y parvenir, au moins deux éléments importants doivent être pris en compte.

Premièrement, il faut assurer un bon taux de germination, sinon une partie de la production escomptée est perdue. Comme une levée uniforme dépend de l’humidité et de la chaleur d’un sol, nous cherchons à contrôler ces paramètres en dépit des intempéries. Après chaque semis en plein sol, nous installons des gicleurs ou un boyau d’arrosage pour être en mesure d’irriguer lorsque cela est nécessaire et garder le sol humide en tout temps. Par temps frais, nous couvrons également les planches d’une couverture flottante, ce qui aide beaucoup à conserver la chaleur du sol.

Deuxièmement, pour viser une production intensive, il faut arriver à semer en fonction d’espacement optimaux précis. Une solution facile à ce problème est de semer très densément et d’éclaircir ensuite à la densité voulue. Bien qu’efficace, cette pratique est très laborieuse (éclaircir une planche de carottes d’une longueur de 30 mètres peut facilement prendre plus d’une demi-journée à deux personnes). Pour être plus productif, nous voulons plutôt semer nos cultures avec précision et éviter le plus possible d’avoir à éclaircir les semis. Un semoir qui réussit à déposer les graines aux espacements désirés est donc un outil important pour la réussite de nos semis en plein sol.

Préparer la terre

La préparation de la terre peut être très succincte pour les graines les plus grosses, mais pour les petites, il est conseillé de préparer ce qu’on appelle un “lit de semences”, qui doit permettre un contact intime entre la graine et la terre, condition requise pour une bonne germination. Il est donc nécessaire d’affiner la terre qui accueillera les semences. Mais attention, c’est uniquement au voisinage immédiat de la graine que la terre a besoin d’être affinées, c’est-à-dire seulement dans les quelques centimètres sous la surface du sol. En effet, une terre trop fine, de type farine, assure certes un contact étroit avec les graines, mais empêche l’air de circuler, surtout une fois humide. La terre doit être travaillée grossièrement avec un outil de type grelinette, ou simplement au croc, et affinée seulement dans les deux-trois premiers centimètres, à l’aide du râteau. Il faut bien sûr tenir compte de la texture de sa terre.

Pour les grosses graines, tentez des semis sans travailler préalablement la terre. Par exemple, vous pouvez semer vos fèves début novembre à la place des tomates. Après avoir arraché ces dernières, écartez le paillis et placez directement les graines de fève, éventuellement en binant légèrement à la petite binette à main sur la raie de semis pour qu’elles s’enfoncent un peu mieux dans la terre.

Adapter ses semis à la texture de la terre

Pour les graines les plus petites ou celles qui sont longues à germer (comme la carotte ou le persil), il est important d’adapter les semis à la texture:

• En sol sableux, par temps sec, les semis doivent être souvent arrosés en raison du caractère très filtrant de la terre.
• En sol limoneux, couvrir le semis d’un léger paillis limite l’apparition d’une croûte lorsque la surface se dessèche.
• En sol argileux, les conditions d’aération du sol doivent être améliorées en mélangeant du compost bien mûr avec la terre de surface.

Vous pouvez aussi faciliter la germination, quelle que soit la texture, en semant directement dans du compost bien mûr dont vous aurez préalablement rempli la ligne de semis.

Déposer et enfouir les graines

Déposer et enfouir les graines est l’étape suivante, soit sur toute la surface (engrais verts, mâche…), soit en ligne dans un sillon, soit avec un semoir. Pour enterrer les graines jetées à la volée sur la surface du sol, le râteau est le meilleur outil. Il peut aussi servir à creuser un sillon, mais celui-ci peut être réalisé tout simplement à la main. C’est encore le meilleur moyen pour vérifier que le lit de semences est suffisamment souple. L’utilisation d’un cordeau est recommandée pour semer en ligne droite.

La profondeur d’enfouissement dépend de la taille des graines et du type de terre. On peut retenir que l’épaisseur de terre au-dessus de la graine doit être du même ordre de grandeur que son diamètre. Pour les graines les plus petites, comme celles des choux ou de la roquette, il est difficile de ne les recouvrir que d’un seul milimètre! Cependant ne les enfouissez pas à plus d’un centimètre. Dans les sols sableux légers, la profondeur d’enfouissement peut-être plus importante, car la terre sèche plus vite en surface et l’air circule facilement dans le sol.

Les semoirs de précision

Les semoirs à légumes ne datent pas d’hier et il en existe plusieurs modèles différents. Trouver le ou les meilleurs semoirs est un défi, car les graines des différents légumes ont toutes une forme, une grosseur et un taux de germination qui leur sont propres.

Le semoir Earthway ou Semtout, est un semoir que l’on pousse et qui, par l’action d’une courroie attachée à la roue avant, fait tourner un disque qui soulève et dépose au sol des graines entreposées dans un réservoir.  Ce semoir est pourvu d’un soc ouvre-sillon réglable qui permet aux graines d’être déposées à différentes profondeurs. Il vient avec 12 disques, conçus pour semer des graines de différentes tailles à différents espacements, est léger et facile à calibrer (en moins d’une minute le bon disque est installé et la profondeur ajustée). Pour toutes ces raisons, le semoir Earthway est très facile à utiliser. Son réservoir à semences se vide aisément et un marqueur de rangs y est intégré, ce qui est bien pratique. Pour les haricots, les pois, les betteraves et les radis, le semoir Earthway donne de très bons résultats. Par contre, il est inefficace pour semer les toutes petites graines qui ont tendance à se coincer dans le mécanisme.

Le semoir Earthway est le semoir le plus économique et le plus polyvalent que nous connaissions.

Tasser légèrement

Tasser légèrement permet d’améliorer le contact entre les graines que vous venez de semer et la terre, d’autant plus si votre terre de jardin est bien grumeleuse. C’est la structure idéale d’une bonne terre, composée d’agrégats laissant bien circuler l’air entre eux, mais pendant la courte période de la germination, il est préférable d’assurer un contact plus étroit entre ces agrégats et les graines. L’outil idéal pour tasser, surtout les semis en ligne, est là encore le râteau.

La prise de notes

La prise de notes systématique est une technique très recommandable pour les semis. En plus de fournir des explications possibles en cas d’échec, elle permet de mesurer les taux de semis. Après chaque semis, la quantité de graines déposées par le semoir est mesurée et comparée à un objectif de densité. Si, pour une raison ou une autre, la densité du semis est trop faible, un deuxième passage de semoir peut être effectué. Ce simple contrôle permet de détecter facilement un problème de rendement, et ce, avant que la culture n’émerge. De façon générale, il vaut mieux semer plus que pas assez.

Exemple de fiche de notes pour les semis en plein sol

Sources

• “Le jardinier-maraîcher: Manuel d’agriculture biologique sur petite surface” de Jean-Martin Fortier. Édition Ecosociété
• “Savoir tout faire au potager: Gestes et techniques de base” de Blaise Leclerc. Édition Terre Vivante