Les principes fondateurs de l’écoculture
1. Imiter les écosystèmes spontanés
Le permaculture propose de prendre la nature comme modèle, en particulier les écosystemes spécifiques à chaque terroir. Nous allons chercher à renaturer, complexifier nos milieux cultivés, pour qu’ils deviennent des agroécosystèmes fonctionnant, autant que faire se peut, de manière largement autonome et pérenne.
2. Utiliser l’énergie du soleil
Le monde vivant fonctionne grâce à l’énergie de notre étoile. Vu les dégâts engendrés par les énergies fossiles, nous chercherons comment remplacer ces dernières, chaque fois que possible, par la puissance du soleil.
3. Boucler les cycles
Nos agroécosystèmes fonctionnerons en boucle, comme dans la nature. Dans l’idéal, nous veillerons à ne rien gaspiller, à n’engendrer aucun déchet. Tout est ressource.
4. Tirer profit des services écosystémiques
L’application des principes précédents donnera des jardins et des fermes complexes, à l’instar des milieux naturels. La complexité de nos agroécosystèmes, la richesse des relations et des échanges entre leurs composants auront pour effet que de nombreuses fonctions s’opéreront spontanément, naturellement et gratuitement. Ces fonctions nous rendront des services qui permettront de diminuer la fréquence et l’intensité de nos interventions: créations de fertilité, contrôle des ravageurs et des maladies, semis spontanés… Nous apprendrons à tirer profit des services rendus par la nature.
5. Donner aux arbres une place essentielle
Les arbres sont d’importants pivots de la vie sur Terre. Ils rendent d’innombrables services à la biosphère. Nous chercherons à développer des pratiques agricoles reposant largement sur les arbres. Ils seront les garants de la pérennité de nos agroécosystèmes.
6. Créer une synergie entre les arbres, les végétaux cultivés et les animaux
Nous avons pu constater que chaque fois que les paysans associaient ces éléments, en élaborant des systèmes agro-sylvo-pastoraux, ceux-ci gagnaient en productivité, en autofertilité et en durabilité. Le permaculture propose divers outils conceptuels permettant de favoriser les interactions entre les éléments d’un système, outils que nous mettrons à profit pour élaborer des espaces cultivés bien plus performants que ceux du passé.
7. Préférer les plantes vivaces aux plantes annuelles
Dans la nature, les plantes annuelles sont une exception: les plantes vivaces, ou pérennes, représentent plus de 99% des végétaux sauvages. Nous chercherons donc comment redonner progressivement davantage de place aux cultures pérennes dans nos jardins.
8. Favoriser la biodiversité
En créant différents milieux au sein du jardin et en y intégrant un point d’eau, des arbres…, nous favoriserons la diversité des espèces végétales et animales. Sauvage ou cultivée, la biodiversité remplit de nombreuses fonctions et procure un meilleur état sanitaire au jardin… Sans parler des joies qu’elle procure.
9. Éviter le travail du sol
Dans la nature, le sol n’est jamais travaillé de manière mécanique, et jamais à nu, sauf accident. Nous chercherons comment il est possible d’appliquer ce principe à nos cultures, pour éviter de détruire le précieux humus.
10. Créer du sol
Préserver soigneusement la terre arable est un premier pas, insuffisant au vu de l’érosion actuelle des ressources biologiques. Nous nous efforcerons de devenir cocréateurs d’humus, en comprenant, favorisant et amplifiant les processus naturels qui lui donnent naissance.
11. S’appuyer sur l’infiniment petit
Certaines traditions paysannes, au Japon notamment, ont su favoriser la vie bactérienne des sols, sans même connaitre l’existence des microbes. En agissant en faveur des populations de bonnes bactéries, par des moyens légers et des préparations autoproduites à la ferme, il nous sera possible d’avoir un effet levier et de favoriser la santé et la fertilité des sols.
12. Associer les végétaux
Les monocultures n’existent pas dans la nature! Associer les végétaux cultivés favorise la santé et la productivité de nos jardins.
13. Étager les cultures
Les plantes sauvages poussent rarement sur un seul plan: elles s’étagent, de manière à capter la quintessence de la lumière du soleil. Nous utiliserons de même la verticalité dans nos jardins.
14. Valoriser les plantes sauvages
Pourquoi ne pas tirer parti des plantes sauvages, qui croissent spontanément, pleinement adaptées au lieu, sans demander ni travail ni intrants? Elles sont, le plus souvent, d’une grande valeur nutritionnelle et bénéfiques pour notre santé.
15. Utiliser les ressources biologiques
Chaque fois que possible, nous choisirons d’utiliser des ressources biologiques simples et locales, plutôt que des solutions technologiques sophistiquées et énergivores, qui engendrent des dépendances. La meilleure technologie alternative est une alternative aux technologies! Nos bâtiments, nos outils, nos clôtures seront de préférence réalisés avec des matériaux locaux et naturels.
16. Miser sur le moyen et long terme
Contrairement à l’agriculture industrielle, productive à court terme mais s’appauvrissant dans la durée, nos agroécosystèmes mettront du temps à se déployer. Mais plus ils gagneront en maturité, plus ils seront autonomes, autofertiles, productifs et résilients.
17. Cultiver notre jardin intérieur
Le respect des êtres humains va de pair avec le respect de la Terre. A l’instar des peuples premiers, nous percevrons l’unité et la communion de destin de tous les êtres vivants. En d’autres termes, nous cesserons de séparer l’humanité de la nature.
En jardinant nos paysages intérieurs, nous embellirons le monde autour de nous. Il n’y a pas d’écologie véritable sans une écologie intérieure.
Source:
“Vivre avec la Terre” de Perrine & Charles Hervé-Gruyer, éditions Actes sud