Les différents rôles du paillage
En milieu naturel la surface du sol est rarement nue. Soit elle est couverte de végétation, comme dans les prairies, soit de feuilles dans les forêts. Au potager, on a tout intérêt à imiter la nature en protégeant aussi la surface du sol.
Les différents rôles du paillage
Le paillage joue plusieurs rôles complémentaires:
- Il limite l’évaporation en surface, permettant ainsi une économie d’eau de l’ordre de la moitié des besoins en arrosage, surtout en été et si le potager est entièrement paillé, allées incluses.
- Il empêche les mauvaises herbes de germer, ce qui réduit considérablement le temps à consacrer au désherbage.
- Il maintient une atmosphère plus sèche autour des légumes et limite ainsi la propagation des spores de champignons pathogènes, ce qui réduit les possibilités de développement de maladies comme le mildiou ou l’oïdium.
- Il maintient les légumes propres car ils ne sont pas en contact direct avec la terre.
- Il évite la surchauffe, en maintenant près de la surface une température douce et une humidité constante, indispensable à l’activité des micro-organismes du sol, notamment des champignons.
- Il crée un écosystème favorable aux auxiliaires, baissant ainsi la pression de certains ravageurs.
- Il nourrit les vers de terre, qui peu à peu enfouissent la base des paillis.
- Il remplace le buttage de certains légumes.
Il limite l’évaporation
En été, l’eau du sol est fortement sollicitée par les plantes ou s’évapore sans avoir été captée par ces dernières. En ombrant la surface du sol, le paillage limite fortement l’évaporation. Il diminue de moitié les besoins en eau. Dans les régions les plus sèches en été, l’économie ainsi réalisée grâce au paillage représente plusieurs dizaines de mètres cubes. Pour être efficace, le paillis doit être épais, de l’ordre de 10 à 20 cm, et couvrir tout le jardin. Les allées aussi doivent être paillées, pour éviter qu’elles ne se transforment en “ponts d’évaporation”, par analogie avec les “ponts thermiques” dans le domaine de l’isolation.
Il diminue considérablement le temps de désherbage
Un jardin entièrement paillé limite la levée des herbes non désirées. Là encore, l’épaisseur du paillis doit être d’au minimum 10 cm, pour faire le noir à la surface du sol et limiter ainsi la survie des plantules qui pourraient germer. Le paillis empêche la germination ou la levée de beaucoup d’espèces, mais peut toutefois être traversé par des plantes à rhizomes comme le chiendent, ou à longues racines comme le liseron. Avant de pailler, il est donc nécessaire de supprimer le maximum de rhizomes et de racines.
Il réduit le développement des maladies
Certaines spores de champignons pathogènes sont stockées dans le sol. Lors d’une averse, les gouttes d’eau les projettent sur les feuilles de leur plante hôte. Les spores du mildiou atteignent ainsi les feuilles basses des tomates et pénètrent à l’intérieur, détruisant peu à peu les feuilles, puis les tiges et les fruits. Si vous avez paillés, les spores restent sous le paillis et ne peuvent pas atteindre les feuilles. Pour que la barrière créée par le paillage soit efficace, il faut aussi couvrir les allées car les fortes averses envoient de la terre assez loin.
Il maintient les légumes propres
Certains légumes-fruits sont souvent en contact direct avec la terre: concombres, courges, courgettes, fraises, … Il faut éviter ce contact. Consommer des fraises fraîchement cueillies lorsqu’elles ne sont pas enrobées de terre est bien plus agréable, mais c’est surtout pour limiter le développement de pourritures qu’il est préférable que les fruits ne touchent pas la terre. Tous ces légumes-fruits ont donc intérêt à être copieusement paillés.
Il limite la surchauffe de la surface du sol
Au milieu de l’été et en plein soleil, la surface du sol atteint souvent 50°C. A cette température, les micro-organismes vivant dans les premiers millimètres sous la surface sont inactifs. C’est dommage, car ils sont très utiles à nos légumes: les bactéries digèrent le compost que nous avons apporté au printemps et les champignons mycorhiziens prolongent les racines pour aller chercher l’eau et les éléments minéraux. Si la surface du sol est correctement paillée, la température n’atteint pas de tels sommets et la terre reste humide et fraîche plus longtemps, autant de conditions qui favorisent l’activité des bactéries et des champignons. Le paillis aide donc les plantes à mieux s’alimenter. C’est spectaculaire chez la tomate, car celle-ci a la faculté d’émettre des racines à la base de sa tige, que l’on appelle racine adventives. Lorsqu’on enterre une partie de la tige au moment de la plantation du pied de tomate, ces racines se développent d’autant mieux qu’elles sont bien protégées par le paillis.
Il offre un abri à de nombreux auxiliaires
On entend souvent dire que le paillis attire les limaces et les escargots. Certes, il est possible d’en trouver quelques-uns: ceux qui n’ont pas été dévorés par leurs prédateurs qui eux colonisent le paillis! Carabes, staphylins, orvets, testacelles…
Il nourrit les vers de terre
Les anéciques, qui sont les représentants les plus grands et les plus nombreux des vers de terre, se nourrissent la nuit en sortant une partie de leur corps pour tirer dans leur galerie des brins d’herbes, des feuilles ou de la paille. En paillant toute la superficie de votre potager, vous les nourrissez. C’est important de nourrir les vers de terre au printemps et à l’automne, car ce sont les deux saisons où ils sont les plus actifs (en hiver et en été ils se réfugient en profondeur, pour se protéger respectivement du froid ou de la chaleur).
Il remplace le buttage
Butter les pommes de terre, pour maintenir les tubercules à l’obscurité et détruire les mauvaises herbes, est un travail fastidieux qui impacte aussi la vie du sol. Remplacer le buttage par le paillage est tout aussi efficace. Cela prend à peu près le même temps, car il faut pailler en deux ou trois fois à quelques semaines d’intervalle, au fur et à mesure du développement des pommes de terre, mais c’est beaucoup plus agréable que de ramener de la terre aux pieds des plants. De plus, les tubercules poussant non loin de la surface, il est possible de commencer la récolte en soulevant le paillis, tout en laissant le plant de pommes de terre continuer son développement.
Source:
“Savoir tout faire au potager: gestes et techniques de base” de Blaise Leclerc, éditions Terre vivante