Les composts : avantages et inconvénients
Redonnez au sol l’équivalent de ce que vous lui prenez – et même un peu plus – et la Nature vous récompensera par d’abondantes récoltes!
Le compost n’est pas un tas de détritus qu’on laisse pourrir au fond du jardin. C’est un produit noble qui est l’une des clés de la fertilité du jardin. Il faut donc s’en occuper, le bichonner, il ne se fait pas tout seul!
Avantages du compost
Fertilisation : le compost contient tous les nutriments indispensables aux plantes. Il est riche en de nombreux minéraux (azote, phosphore, potasse, magnésium). Ceux-ci ne sont pas immédiatement disponibles pour la plante, ils sont fixés et immobilisés dans des molécules stables de matière organique. L’azote, un élément facilement lessivé ou oxydé, est conservé à l’intérieur du tas de compost pendant une période de trois à six mois, durant le processus de compostage. Les acides organiques issus du compost dissolvent la roche-mère et libèrent des minéraux au bénéfice des plantes.
Pour la nutrition des plantes, l’effet fertilisant du compost ne se fera sentir que sur le moyen ou long terme. A court terme, le compost agit sur la structure du sol. Il nourrit la pédofaune. C’est seulement dans un second temps que l’action de celle-ci va libérer des éléments simples, solubles, accessibles aux plantes et assimilables par leurs racines.
Le compost est une nourriture équilibrée : s’il est bien réalisé, son rapport C/N (carbone/azote) est optimal. Le compostage permet de valoriser des éléments fortement carbonés qui risqueraient de provoquer une faim d’azote s’ils étaient incorporés tels quels au sol.
Enrichissement du sol en humus stable : il est favorisé lorsque la matière organique est apportée sous forme de compost. Les éléments solubles des matières fortement azotées, comme l’urine et les excréments animaux contenus dans le fumier, sont liés aux éléments carbonés durant le processus de compostage et, de ce fait, stabilisés. Ils ne risquent pas de brûler les plantes.
Amélioration de la structure du sol : le compost est un amendement qui allège un sol trop lourd (argileux) et donne du corps à un sol trop léger (sableux).
Aération : le compost contribue à donner à la terre une structure légère et poreuse, ce qui facilite la circulation de l’air et de l’eau. Ceci favorise le bon déroulement des cycles des nutriments. Selon John Jeavons, le CO2 dégagé par la matière organique en décomposition quitte le sol et il est rapidement mis à profit par la dense canopée de végétaux qui recouvre les buttes permanentes.
Rétention d’eau : un sol riche en matière organique est poreux et se comporte comme une éponge. Il résiste à l’érosion et garde longtemps l’eau de pluie.
Vie microbienne : un bon compost est riche en micro-organismes. Incorporé au sol, il nourrit la vie microbienne et les champignons.
Équilibre du pH : le compost est capable d’équilibrer un sol trop acide ou trop basique.
Santé du sol : le compost est un produit sain, surtout s’il a été réalisé à chaud, ce qui élimine les pathogènes. Les champignons qu’il contient contribuent à éradiquer les nématodes. Les micro-organismes du compost, présents en grande quantité et de manière très diversifiée, exercent une activité antagoniste sur les germes pathogènes (compétition pour l’accès aux ressources, sécrétion d’antibiotiques…).
Le compost réalisé à chaud ne contient pas de graines : elles ont été détruites durant le processus par la chaleur, à condition que celle-ci soit suffisante (entre 40 et 60°C) et que le tas de compost ait été bien mélangé. Attention toutefois aux racines des adventices vivaces qui peuvent survivre au compostage.
Fabriquer du compost ne demande que peu d’espace : c’est un avantage dans un petit jardin urbain.
Le compost est pratique pour valoriser des matières trop grossières pour être incorporées au paillage, comme les racines de choux ou de fèves, par exemple. Lorsque nous préparons une planche ayant accueilli de telles cultures, nous devons retirer ces racines si nous désirons utiliser le semoir multi-rangs.
Le compost permet de valoriser les déchets des villes : l’agriculture nourrit les tissus urbains et il est indispensable que les déchets des villes repartent vers les terres agricoles. Le compostage valorise, assainit et concentre ces déchets, rendant possibles leur transport et leur utilisation en agriculture.
Le compostage neutralise les toxines et les molécules chimiques ou polluantes : les produits chimiques utilisés en agriculture et les déchets polluants des villes sont en partie ou totalement dégradés durant le processus de compostage. Les plantes poussant sur un sol riche en matière organique sont également moins susceptibles de les assimiler.
Inconvénients du compost
Le compost entraîne une perte de nutriments : même s’il les concentre dans le produit final, qui ne représente que de un dixième à un cinquième du volume de matière organique initial, le processus de compostage engendre une perte de nutriments par lessivage, sous forme gazeuse ou par transformation. Les nutriments les plus intéressants pour la pédofaune disparaissent (cellulose, protéines, sucres).
Le processus de décomposition de la matière organique libère une énergie qui aurait pu être mise à profit par les organismes vivants du sol si cette dernière s’était déroulée in situ.
Le processus de compostage libère des gaz à effet de serre : CO2, méthane (CH4)…
Le compost est constitué de molécules organiques très stables. Les nutriments qu’il contient ne sont généralement pas disponibles à court terme. Le pouvoir fertilisant du compost est surtout efficace à long terme.
La fabrication du compost et son épandage nécessitent du travail et de la technicité.
Source
“Vivre avec la terre : manuel des jardiniers-maraîchers. Tome 1: permaculture, écoculture: la nature nous inspire” de Perrine & Charles Hervé-Gruyer. Editions Actes Sud.