Composter et utiliser le compost

Le compost n’est pas un tas de détritus qu’on laisse pourrir au fond du jardin. C’est un produit noble qui est l’une des clés de la fertilité du jardin. Il faut donc s’en occuper, le bichonner, il ne se fait pas tout seul!

Pourquoi faire du compost?

“Faire” du compost, c’est transformer des déchets organiques, végétaux et/ou animaux, en un produit à haute valeur ajoutée, le compost. On fait du compost d’un côté pour se débarrasser d’un déchet, de l’autre pour produire un fertilisant de qualité. Faire du compost, c’est tout simplement imiter la nature, qui ne produit aucun déchet puisque tout y est recyclé.

Recycler les déchets organiques du jardin et de la maison

Le compost est le meilleur moyen de recycler les déchets organiques de la cuisine et du jardin. Il est également possible de faire du compost à partir des toilettes sèches, moyennant une durée de compostage un peu plus longue, d’environ un an. Lorsqu’on possède quelques volailles ou des lapins, les déchets de cuisine ou du jardin leur sont bien sût destinés en priorité, mais il en reste toujours suffisamment pour réaliser un peu de compost.

Obtenir l’amendement organique de base du potager

Dans une forêt, le compost se fabrique tout seul: c’est l’humus que l’on peut voir sous la litière des feuilles tombées au sol. Ce processus de recyclage naturel a mis des millions d’années à se mettre au point, faisant intervenir des centaines d’êtres vivants différents. Petit à petit, une feuille tombée à terre est entièrement transformée en humus. Les mêmes transformations ont leu dans un tas de compost, mais plus rapidement car on concentre dans un même endroit beaucoup plus de matières à dégrader que dans une forêt ou une prairie. Dans une forêt, l’humus est utilisé sur place, libérant progressivement les éléments minéraux qu’il contient, ce qui alimente l’arbre ayant fourni les feuilles à l’origine de cet humus. C’est pourquoi on peut véritablement parler de cycle. Compost et humus sont très proches? C’est la forêt ou la prairie qui fabrique l’humus, c’est le jardinier qui fabrique le compost. Comme l’humus pour la forêt, le compost est la base de la fertilité du potager.

Réussir son compost

L’humus forestier est magnifique et pourtant personne ne s’en occupe, il se fabrique tout seul. Certes, mais la manière dont il est fabriqué a été mise au point sur des millénaires. Des plus gros qui commencent à découper les feuilles, jusqu’aux plus petits qui agissent en bout de chaîne, chaque être vivant du sol est à sa place et effectue sa tâche à son propre rythme, et à celui de la forêt. L’humus formé ne sera utilisé qu’au bout de plusieurs années. Au jardin, vous pouvez toujours laisser dans un coin tous vos déchets organiques. Ils finiront aussi par être transformés en humus, mais cela prendra autant de temps qu’en forêt, voire plus, car les conditions d’humidité qui règnent dans votre tas de déchets sont généralement moins bonnes que celles que l’on trouve dans la litière de la forêt. Pour ne pas avoir à attendre des années, voici les règles à respecter pour réussir son compost.

Trois règles à respecter

Les trois règles à respecter pour réussir son compost concernent l’aération, l’humidité et le choix des matériaux à utiliser. Ces trois règles sont dépendantes les unes des autres.

La règle n°1 est le maintien d’une aération suffisante. Le compostage n’est pas un phénomène physique mais biologique : ce sont principalement des bactéries et des champignons qui dégradent les déchets organiques. Comme nous, ils ont besoin de l’oxygène contenu dans l’air. L’aération est réalisée avec le choix des matériaux à composter, qui ne doivent pas être trop fins. Elle est aussi assurée par des retournements réguliers, environ une fois par mois, car au fur et à mesure du processus, le tas de compost à tendance à se tasser, même s’il est suffisamment aéré au départ.

La règle n°2 est le maintien d’une bonne humidité. Les bactéries et les champignons qui dégradent les déchets et les champignons qui dégradent les déchets organiques ont besoin, en plus de l’oxygène de l’air, d’un milieu humide. Ils sont en effet si petits que leur digestion se passe hors de leurs corps, comme pour les bactéries et les champignons du sol. Un milieu humide est donc nécessaire pour que les enzymes puissent fonctionner, par exemple la cellulase qui dégrade la cellulose contenue dans toutes les matières végétales. L’eau doit être apportée pendant la constitution du tas, puis lors de chaque retournement si les matières en cours de compostage sont trop sèches. pour cette raison, il est préférable de placer la zone de compostage près d’un point d’eau.

La règle n°3 est la réalisation d’un équilibre carbone/azote optimal. Pour dégrader l’énorme masse de déchets organiques que vous leur fournissez, les bactéries et champignons contenus dans le compost ont besoin de suffisamment d’azote, nécessaire notamment à la constitution de leurs protéines et le leurs acides nucléiques, car ils doivent se multiplier rapidement pour pouvoir coloniser tout le tas de compost. L’azote est surtout présent dans les matières vertes et fraîches (tontes, déchets de cuisine), le carbone dans les matières plus sèches (foin, paille). Dans le choix des matériaux, veillez à toujours respecter la règle n°1 qui est l’aération. Par exemple les tontes de gazons apportent certes beaucoup d’azote, et les sciures de bois beaucoup de carbone, mais l’un comme l’autre sont trop fins et se compostent mal. Si vous les utilisez, ils doivent être mélangés à des déchets plus grossiers : foin, vieux paillis, …

Le compostage à chaud

L’une des caractéristiques du compostage est la montée en température qui a lieu dans les jours suivant la réalisation du tas de compost. Disposez les végétaux en couches de 5 à 10 centimètres (sur 1 m² environ) alternativement secs (paille, herbes sèches) qui apporteront le carbone et permettront une bonne aération du tas, et verts (tontes de gazon, déchets de cuisine ou de légumes) qui apporteront l’azote et un peu d’humidité. L’ajout d’un demi-arrosoir après la pose d’une couche de quelques centimètres de végétaux est nécessaire pour obtenir une bonne humidification du tas. La montée en température est en principe très rapide et vous permet de vérifier que le processus a bien démarré : au bout d’un jour ou deux, elle atteint 50°C. Pas besoin de thermomètre pour le vérifier : c’est la chaleur à laquelle vous retirez spontanément votre main. Au bout de quelques semaines, le tas de compost se tasse et refroidit car il n’y a plus assez d’air. Après retournement – le plus simple étant de le déplacer sur le côté à l’aide d’une fourche en l’humidifiant à nouveau si nécessaire -, il recommencera à chauffer. L’intérêt du compostage à chaud est la destruction des graines de mauvaises herbes et des germes de maladies des plantes. Après environ un retournement par mois, le compost est prêt à être utilisé au bout de cinq à six mois.

Le compostage à froid

Le compostage à chaud n’est pas indispensable pour obtenir un bon compost. L’humus de la forêt n’est pas fabriqué à des températures de 50° C! Le compostage à froid est rapide s’il fait intervenir des vers de compost (appelés aussi vers de fumier ou vers rouges) : ce sont les vers épigés, qui dans la nature vivent à la surface du sol, notamment dans la litière de forêt. Les micro-organismes transforment les déchets organiques à l’intérieur du tube digestif de ces vers. Appelé lombricompost, le compost produit est très fin. Ce type de compostage est adapté aux déchets de cuisine digérés par les vers au fur et à mesure d’apports journaliers ou hebdomadaires. L’aération est régulièrement assurée par le déplacement des vers à l’intérieur du tas. Il faut juste veiller à apporter de l’eau en période chaude et sèche si les déchets mis à composter sont trop secs, car les vers ont besoin d’humidité (un arrosoir par semaine en été). Lorsque le compost est prêt à l’emploi, le meilleur moyen de récupérer les vers est de commencer un autre tas à côté de l’ancien : d’eux-mêmes, les vers migreront vers le nouveau tas riche en matériaux à décomposer. Dès lors, constitué de leurs seuls excréments, l’ancien tas est prêt à l’emploi.

Le compost issu des toilettes sèches

Le principe des toilettes sèches est de recouvrir les excréments et les urines après chaque usage, d’une matière végétale sèche destinée à supprimer les odeurs et à absorber l’humidité. Les matières végétales ajoutées rééquilibrent aussi le mélange en apportant du carbone, les excréments et les urines étant aux, riches en azote. Les matières végétales utilisées peuvent être variées, en privilégiant les ressources locales: copeaux de bois, sciure, paille, feuilles mortes… Le mélange est ensuite composté de 12 à 18 mois, plus longtemps que les composts de déchets végétaux de la maison, pour assurer un meilleur assainissement. L’aération du tas est très importante, car c’est l’oxygène qui permet la destruction complète des germes et parasites fécaux. Le compost issu des toilettes sèches peut être utilisé au potager, c’est d’ailleurs la meilleure façon de boucler le cycle des éléments. En effet, en ne recyclant pas nos propres déjections – qui finissent en général dans les stations d’épuration des eaux – on exporte indirectement beaucoup d’éléments issus de notre consommation des fruits et légumes du jardin, notamment de l’azote et du phosphore, que l’on est ensuite obligé d’importer d’une manière ou d’une autre.

Les poules, “Maitres composteuses”

Dans votre poulailler, vous pouvez ajouter régulièrement à la litière des poules des matériaux carbonés pour équilibrer leurs déjections, mélanger le tout et le remettre en sous le le perchoir sur lequel les poules passent la nuit. Ce tas bien aéré et mélangé reçoit donc quotidiennement les déjections de vos gallinacées. Idéalement, il doit être exposé au soleil une partie de la journée, même s’il est situé sous le toit du poulailler. Vous pouvez également ajouter des solutions de micro-organismes de votre fabrication afin d’accélérer le compostage. Ceci évite toute odeur désagréable et la prolifération de mouches.

Un poulailler construit dans la serre est une merveilleuse “centrale de compostage naturelle” in situ, qui permet de réduire la charge de travail ainsi que les achats de nourriture pour les poules, et d’obtenir sans effort un extraordinaire compost, dont les effets sur les cultures exigeantes sont supérieurs à ceux des autres composts. Les poules ont besoin de protéines pour pondre. Le compost en contient, il complète leur régime alimentaire tant par les protéines trouvées dans les vers de terre (ou parfois les cétoines et autres habitants du compost) que par les différents résidus de végétaux disposés sur le tas. Cela permet notamment d’économiser les céréales, à condition que les poules aient à disposition d’autres “grains”, comme du sable par exemple. Ceci allège l’empreinte écologique de l’élevage.

Comment l’utiliser?

Le compostage est une manière de traiter sur place nos déchets organiques, mais il a surtout pour objectif de nous fournir un excellent produit fertilisant pour le potager. Voyons comment l’utiliser au mieux.

Quand l’apporter?

Le compost peut être apporté tout au long de l’année, avant le semis ou la plantation de chaque légume. Il n’est pas nécessaire d’en rajouter en cours de culture, d’autant plus que le potager étant bien paillé – comme il se doit – un ajout complémentaire serait difficile à réaliser. Il est préférable d’enfouir superficiellement le compost, à l’aide d’un croc, ou d’un râteau pour un enfouissement plus superficiel, pour éviter qu’il ne se dessèche en surface. Si vous paillez immédiatement après l’apport, l’enfouissement n’est pas indispensable, par exemple autour des petits fruitiers.

En quelles quantités?

On peut tenir compte des besoins de chaque légume pour décider des doses à apporter. Contrairement aux autres matières fertilisantes, plus concentrées en certains éléments minéraux que le compost (en azote, en potassium, …), et qui peuvent donc conduire à des excès – dans le sol et dans les plantes -, le compost est bien équilibré. On peut donc en apporter des quantités importantes dans certaines situations, par exemple lorsqu’on démarre un potager sur un terrain pauvre. Un apport de compost revient à augmenter le taux d’humus du sol, qui n’a pas comme unique fonction de nourrir les végétaux en leur fournissant des éléments nutritifs, mais aussi d’alléger la terre, de l’aider à retenir l’eau, à se réchauffer….

Classification des légumes en fonction de leurs besoins nutritionnels

Plantes exigeantes
(4 à 5 kg de compost par m²)
Plantes moyennement exigeantes
(2 à 3 kg de compost par m²)
Plantes peu exigeantes
(pas d’apport)
ArtichautAilChou de Bruxelles
AubergineArrocheEchalotte
CéleriAspergeFève
Chou (sauf de Bruxelles)BasilicHaricot
Concombre et cornichonBetteraveMâche
Courges et potironsBletteNavet
CourgetteCarotteOignon
ÉpinardChicoréeRadis
FenouilCiboulettePois
FraisierLaituePois chiche
MaïsOignon et échaloteRoquette
MelonPanaisTopinambour
Patate doucePersil
PoireauPissenlit
Poivron et pimentRhubarbe
Pomme de terreSalsifis
TomateScorsonère

 

Sources: